Lettre à l'enfant que j'étais. Le Dico de Lisa

Lettre à l'enfant que j'étais. Le Dico de Lisa

Chère Lisa L'Enfant,

 

[Lettre tronquée] 

Avant tout chose, bravo pour tout le parcours que tu vas accomplir. Je sais que ce que tu vis ou va vivre va être douloureux et surtout incompréhensif pour l'enfant que tu es. Cela va te laisser de nombreux traumatismes qui ne seront pas présents comme un rhume ou une angine. Non, ces blessures que tu vas recevoir, elles vont s'ancrer dans ta mémoire d'enfant. Tu ne vas même pas les sentir s'installer. Cela ne fait pas mal, en tout cas, moins mal que les nombreuses claques et autres coups de bâtons que notre mère va nous donner. Mais, elles vont s'incruster en nous... Nous allons même réussir à penser qu'elles sont normales. Que ce sont ses blessures qui nous définissent. Je suis moi, parce que je suis une enfant battue par une mère névrosée. C'est comme ça, c'est la vie...

[...]

À vrai dire, je ne sais absolument pas ce qu'il s'est passé sur Terre, mais d'un seul coup, au lieu de régler des problèmes personnels, ils ont commencé à reprocher aux autres, leurs propres malheurs.

"Je ne vais pas bien dans ma vie, mais ce n'est pas grave, j'y reste. Et, comme je ne suis pas bien, je vais faire chier ceux qui sont bien, et leur dire que c'est leur faute, si JE ne vais pas bien."

 

C'est ainsi que le monde tourne aujourd'hui, pour une grande majorité de la population. Et pas que Française. J'ai longtemps pensé que les religions en étaient responsables... Forcément quand on est soumis à la volonté de Dieu, il est difficile de prendre des décisions pour soi. Et puis, pourquoi le faire, puisque Dieu décide pour moi... Alors, autant me poser, et me laisser porter par la foi de Dieu. Surtout que seul Dieu est juge de mes actes... Tout comme c'est lui qui me donne les ordres. "C'est la faute de Dieu si j'ai tué un mécréant." (Sentiment d'impunité à échelle humaine) Et, qu'il ne me jugera qu'à ma mort... Autant faire toutes les conneries du monde, et puis on verra...  Il y a certainement un peu de ça, étant donné que la majeure partie de la population mondiale est adepte d'une religion. D'une secte.

Oui, parce qu'on joue sur les mots, mais les deux définitions sont assez identiques... Dans les deux, il y a des adeptes...

 

Mais, tu verras que de nombreuses personnes se sont émancipées des religions, mais le sentiment de soumission est resté chez beaucoup. Certainement d'ailleurs, parce qu'il est véhiculé dans notre enfance, via notre éducation parentale. Si, notre mère n'a pas souhaité nous élever dans la religion, elle, par contre en a subi les conséquences. Elle a gardé cette soumission, et c'est surement d'ailleurs, ce qui l'a rendue malheureuse tout le reste de sa vie. Tout comme ton père, le côté patriarcal pur et dur, issu de la droiture de la religion, mêlé à la droiture de son éducation, saupoudré de quelques années dans l'armée... Et, tu as le parfait aveugle. Strictement rien ne le fera sortir de ça. Le reste, c'est mal.[ Point] Pas de : Mais ? Pas de circonstances atténuantes, rien ! Droit comme i ! Mais, malheureux... Bon, je te rassure, il n'est pas si malheureux que ça, ta mère a compensé sur toi, lui sur l'argent qu'il a hérité... Même pas qu'il s'est crevé à gagner, hein... Qu'il a hérité... Et, les deux, certains de leurs parfaites éducations, vont te faire la Morale... Crois-moi, tu vas en souffrir longtemps, mais aujourd'hui, tu en ris... Beaucoup !

 

Ce n'est qu'une question de génération,  je suis persuadée qu'avec le temps, cette sensation disparaîtra. Ce sera long, il faut d'abord  s'éloigner des religions, puis du sentiment qu'elle a laissé dans notre mémoire, dans notre façon de vivre... Et, à l'échelle mondiale, j'ai entendu dire que les choses rentreraient dans l'ordre dans un demi-siècle environ. Oui, nous ne serons plus là pour en profiter... Mais, strictement rien ne nous empêche de vivre ainsi aujourd'hui. Un peu comme des précurseurs d'une nouvelle tendance.

 

Soyons la personne que nous devons être, et non  la personne que nous pensons être.

[...]

Je vais te dire un secret, la plupart ne sont pas responsables. C'est un peu comme les dominos... Les  autres tombent en réaction. Prend notre exemple, notre mère avait ses propres "démons" issus de sa propre enfance. En domino de ceux de notre grand-mère, et patati, patata... Tu n'es pas responsable de l'éducation que l'on t'a donnée (ou pas). Tout comme notre mère n'est pas responsable de son éducation... Nous étions enfants... Nous apprenons la vie par les yeux des adultes qui nous la montre. Si, notre mère dit que "nous sommes une incapable," forcément, nous allons le croire. C'est quand même notre mère qui le dit. L'adulte, donc celui ou celle qui sait. Alors, que moi, enfant, je ne sais rien... C'est une constante chez la majorité des adultes d'aujourd'hui, ils ont oublié qu'à leur naissance, ils ne savaient rien. Certains n'arrivent même pas à admettre qu'enfant, nous sommes comme un tableau vide, blanc et que les premiers coups de pinceau, sont ceux de nos parents, des adultes qui nous montrent la voie par leurs yeux, par leur coup de main (Blague pourrie en rapport au coup porté par ta mère) leur coup de pinceau. Et, nous suivons juste leur ligne une fois adulte... Mais, si nous, enfant, nous avions pris le pinceau en premier, le dessin aurait-il était le même ? Cette question et cette réponse, personne n'est prêt à l'admettre. Et, pourtant, pour être la personne que nous devons être, c'est à nous de peindre notre tableau en premier. Donc, pour l'adulte que je suis, effacer tout le reste. Ce qui ne veut pas dire que tout était mal, juste que cela ne correspondait pas à mes couleurs préférées.

 

[...]

Non, toutes les mères ne traitent pas leur enfant d'incapable. (quoique) Non, toutes les mères ne sont pas continuellement absentes. Non, toutes les mères ne donnent pas de coups de ceinture au gré de leur état d'âme...

 

Je sais, avec le recul, que tu l'as cru, sans le croire. Je sais que quelques parts, tu as eu l'intelligence de mettre ça, sur le dos de l'alcool, pour te rassurer, en mettant de coté, cette blessure, en la pansant, au lieu de la soigner. Mais, ne t'en veux pas pour ça, jamais !! Tu as fait ce que la majeure partie des personnes font, tu mets de coté, tu panses, tu réfutes, en espérant (priant Dieu ?) que cela disparaisse de ton esprit. Et, pendant un temps, oui, ça marche. Mais, je sais aujourd'hui que ce n'est reculé que pour mieux sauter. Ceci dit, même si nous allons mettre très longtemps à nous en sortir... Forcément, noyée dans la masse de tous les gens qui font comme nous.... Nous allons nous en sortir, tu vas t'en sortir, Lisa. Aie, ce que tu as toujours eu, malgré tout ce que tu as vécu, l'espoir d'un jour meilleur. La confiance en toi qui, elle, ne t'a jamais quitté. Pourquoi, comment, je n'en ai aucune idée. Certainement, d'ailleurs, un réflexe de notre esprit. L'endroit où nous nous échappions quand notre mère "péter un câble..."  Va savoir comment fonctionne notre cerveau, notre mémoire quand elle se sent en danger ou reçoit une information que nous ne pouvons gérer, lorsque nous sommes enfants ?

[...]

 

Je t'en ai déjà dit beaucoup, je vais arrêter là, sinon, je crains de fausser la donne. Mais, par contre, je te laisse ce petit dictionnaire. Histoire, d'un peu dégrossir ce que tu vas vivre. Ce que tu vas découvrir de la vie, de sa beauté à sa pire laideur. Tout comme les humains qui la peuplent, et donc, en sont responsables, ils peuvent être beaux, ou belles comme des déesses, ou pires, et comme on dit dans le pire ... Il y a toujours "plus pire"...

Tu sais, maintenant, que ce n'est pas la faute de certains... Et que les choses mettront du temps à se mettre dans l'ordre.

 

[...]

Et, aussi, Lisa, parce que si, tu es capable de devenir la femme que je suis aujourd'hui, c'est bien parce qu'à un moment donné, tu as arrêté d'en vouloir aux autres de ton propre malheur. C'est parce que toi, tu as pris conscience que quelque chose n'allait pas, et que tu as fait le travail nécessaire pour t'en sortir.

 

Même mieux, pour quelqu'un qui était  "une incapable" nous lui avons mis une belle claque mentale à notre mère. Parce que NOUS, ce travail, nous l'avons fait.

Chose qu'elle ne fera jamais.

Aie confiance en cette petite voix qui t'a rassuré toute ta vie, et qu'aujourd'hui, j'ai faite mienne. Nous avons fait notre. Elle te guidera là où je suis aujourd'hui. Et, crois-moi, nous y sommes bien, très bien, même. Pas d'argent, pas de boulot, pas de compagne, mais rien ne nous manque, et tout viendra en son temps... Tout comme l'enfant que tu es à toujours cru en des jours meilleurs. Tu as eu raison.  Ils sont là, devant nous, aujourd'hui.

 

[...]

Bon, allez, je te laisse pour ne pas en dire trop, justement.

Amuse-toi bien à découvrir ses définitions, elles te seront d'une grande aide.

Et, n'oublie jamais, il n'y a qu'une personne avec qui tu dois être en parfait accord.

Toi. Parce que c'est avec toi, et seulement toi,  que tu vas passer le reste de ta vie.

 

Je dépose un tendre baiser sur ton front, symbole de la confiance.

 

Lisa. L'adulte.

[...]

Ah, et Merci aux Editions Larousse pour leurs définitions datant de 1980, elles démontrent aussi l'évolution de nos pensées en quelques années. Ou, comment cette génération se retrouve en total désaccord avec celle d'aujourd'hui...

 

A suivre : Lettre aux Chers Lecteurs et Lectrices.